Chaque jour est une nouvelle ère
Bien que tellement semblable à hier.
Les hommes partent en bateau
Les femmes tressent des cordeaux
Les enfants apprennent à chanter
Devant quelques vieux édentés.

Ils n'ont pas encore la télé
Le soir ils rangent leurs filets
Et quand ils ont plié leurs voiles
Levant les yeux vers les étoiles
Ils cherchent un signe pour demain
Les prémisses d'un lendemain.

Demain c'est le salaire d'aujourd'hui
Pour ceux qui rentrent avant la nuit
Pour ceux que la mort n'a pas pris
La récompense, le sursis,
Le droit de remettre son sort
A l'océan une fois encore.

Vouloir aller au bout du monde
Oublier les yeux d'une blonde,
Tourner le dos à ses parents
Comme le ferait l'adolescent
Les yeux pleins de rêves candides
Quitter ce qu'il trouve sordide.

Vouloir aller au bout du monde
Oublier que la Terre est ronde
C'est s'en aller vers l'impossible
Chercher la frontière invisible
La limite d'un au-delà
D'où jamais on ne reviendra.

Mais vouloir vivre au bout du monde
C'est avant tout lâcher la bonde
Et regarder le tourbillon
Emportant tout dans le siphon
Se retrouver complètement nu
Dans un paysage inconnu.

C'est découvrir que la nature
Où chaque jour est aventure
Dans sa grande beauté sauvage
N'est pas sage comme une image,
Et que pour le moindre confort
Il faut déployer tant d'efforts.

Alors il faut que je te dise
Quelle ne sera pas ta surprise
Quand sur ta route l'orage gronde
De voir les hommes du bout du monde
T'offrir le gîte et le couvert
Et te sourire à coeur ouvert.

Ils ne demandent pas la lune
Leur exigence, il n'en n'ont qu'une
C'est d'être fort et vigilant
Pour être encore longtemps vivant
Afin de transmettre aux enfants
Leur histoire et leurs talents.