La fin du poème

Publié le 02/10/2023 à 22:17 par deprosenvers Tags : poème menteur inculte lumiere pouvoir sur vie fleur société

 

Le poème jadis apprécié des sages érudits

S'est terni aux affres de la décadence.

L'éclairage de son ondoyante lumière

Humilié par la brillance aveuglante du projecteur

Agonise comme une délicate violette

Exposée aux rayons directs du soleil,

Et piétinée par les hordes de barbares

Inassouvis de brutalité et de pillage.

 

Adieu paradis terrestre au sol fertile,

L'aridité gagne les coeurs et les esprits.

Le projecteur focalise sur la bêtise

Pour évincer l'intelligente tolérance,

Pour assécher dans nos consciences

Jusqu'aux moindres traces de sagesse,

Le projecteur brûle le frêle terreau

Nécessaire à toute germination.

 

La fleur de poésie se fait rare,

Elle ne peut plus lutter contre l'invasion

De la dureté blessante et sèche

Que diffusent les puissantes machines.

Trouvera-t-elle un jour son havre de paix

Pour pouvoir y préserver au moins sa semence?

Espérer des jours meilleurs: utopie.

L'humanité se dessèche.

 

Les pilleurs nourrissent de leurs saccages

Les incultes faibles et pleutres.

Ils se montrent plus forts que les élus,

Avec leur fortune si mal acquise

Avec leur vérité si mal écrite.

Et le peuple des incultes applaudit,

Inconscient du crime qu'il cautionne,

Délaissant son pouvoir au profit des menteurs.

 

Pendant que menteurs et voleurs font ripaille

La société discrète des sages érudits

Voit se détourner d'elle les nombreux regards

De ceux qui ne savent plus lire la réalité.

Fascinés par tant d'images virtuelles

Ils courent vers le grand miroir aux alouettes,

Pauvres alouettes qui seront piégées,

Etourdies puis abandonnées aux charognards.

 

Les images du poème fleurissent à l'intérieur

Dans l'interprétation intime des mots

Que l'artiste a savamment disposés

Dans un moment d'inspiration éclairée.

Les images du poème nourrissent les cœurs

D'instants sublimés qui nous échappent

Et qui nous font oublier, le temps d'un rêve,

Les nécessités que la vie nous impose.

 

Le moment du poète est observation.

Le temps peu bien s'écouler, tranquillement,

Il n'est pas source de frustration

Le poète n'est pas pressé de rendre sa composition.

Le temps donne à la réflexion

Les mots pour la formulation

Un décor pour l'imagination

Un espace pour la méditation.

 

La voix du poète est si faible maintenant

Elle ne sera bientôt plus qu'un vague souvenir,

Etouffée par les désirs obsessionnels

De satisfactions égoïstes,

Retirée tel un poids inutile des bagages du savoir,

Jetée aux orties sans respect aucun,

Victime de la trahison des élites du peuple,

La voix ne dira plus le poème.

 

Les armes remplacent les mots

Les larmes ne sont plus de bonheur

Le rideau tissé de mensonge est tombé

Occultant le passage des lumières.

Les consciences vont à nouveau s'endormir,

Par les perfusions coulent la doctrine,

Les menteurs ont fini par gagner,

Voici venir le nouvel obscurantisme.

 

Car ceux qui sont à l'origine

De cette terrible machine

En sont désormais les esclaves

Prisonniers qu'ils sont dans l'enclave.

Ne savent plus imaginer

L'avenir qui leur rit au nez

Ils ne croient plus qu'à leur passé

Ce sont des êtres dépassés.