Je voudrais juste retrouver

Ce petit coin de terre,

Que j'ai appris à cultiver,

Un jour avec mon père.

Je voudrais vivre cette vie

Que m'a donné ma mère.

Pour transmettre à mon tour l'envie

D'aimer vraiment la Terre.

Je voudrais juste que les anciens

Qui croyaient au futur

N'aient pas travaillé dur pour rien

Que pour leur nourriture.

Je voudrais que s'arrêtent enfin

Les canons, les fusils,

Que se remplissent nos couffins

D'une vie qu'on choisi.

Des hommes transformés en robots,

Exécutants serviles,

Regardent passer les hélicos

Au dessus de la ville.

Ne se demandent pas si les bombes

Ont tué des enfants

Ce soir ils compteront les tombes

Sur un air triomphant.

Le ciel est rempli d'amertume

Cette couleur charbon

Les avions, les chars qui consument, 

Et des maisons, des maisons.

Quand reverrai-je dans les champs

Se courber les épis,

Les fruits aux parfums alléchants

Procurer le répit.

La terre se languit de produire

Ce qu'elle a de meilleur,

Comme le poète d'écrire

Ce qu'il a sur le coeur.

Nostalgie du chant des semeuses

Du bêlement des troupeaux

Nostalgie des soirées heureuses

Des moments de repos.

Combien de temps nous faudra-t-il

Avant de reconstruire?

Et combien de morts inutiles

Avant de nous instruire?

Comme le ressac sur la plage

L'obscurante prière

Efface sans cesse les pages

Du livre des lumières.

Et c'est le stratège de guerre

Que le roi récompense

Le pauvre artisan de la terre

N'a pas, lui, de créance.

Conquérants et envahisseurs

Entreront dans l'histoire,

Paysans et autres semeurs

Resteront accessoires.